Malandro

Commande du Cirque rouages pour un collectif circassien, imaginée autour de la notion d’enfermement et de thriller psychologique.

Le spectacle est composé à partir des technique suivantes : cadre fixe, cadre coréen, corde volante duo, trapèze duo, portés acrobatiques, bascule, jeux icariens, acro-danse, musique, voix, jeu.

Dans un sens contemporain, le malandro est un jeune voyou au Venezuela ou au Brésil, conscient de son image, disposé à utiliser la violence pour établir son statut social.
L’intrigue nous amène à réfléchir au-delà de notre propre appartenance à une famille, à une communauté, et ébranle le fondement même de liberté en soulevant la question de savoir si on est là par choix ou par défaut. Pourquoi ces hommes et ces femmes se retrouvent dans cette enclave où l’air libre n’est plus qu’un œil, là-bas, en haut ? 
Voilà le point de départ de cette pièce circassienne ; réunir des malandros qui esquivent ce que la vie conventionnelle leur impose pour danser leur histoire particulière.
« C’est à toi que je parle. Il y a longtemps que j’ai arrêté de croire que quelqu’un m’écoute, mais parler est un bon exercice. Ça fait passer le temps et ça garde les mots vivants. Ne plus dire un mot peut finir par le tuer. Ça fait longtemps que je suis ici, et certains mots ont déjà perdu leur sens, comme « sommet » ou « horizon » ».
Prisonniers d’un huis clos infernal, les artistes de la piste mènent une enquête mentale sur les raisons de leur propre enfermement. Ils dansent avec leurs limites comme avec celles des souvenirs et des mots. Ils sont les Malandros.

La création Malandro raconte par la médiation d’une narration chorale, musicale et chorégraphique, l’histoire de cette communauté d’oubliés. Ceux-ci sont tombés au fond d’un souterrain, un lieu situé en dessous de « l’œil du ciel », ce puits de lumière tout là-haut qui leur signale l’existence d’un monde extérieur, matérialisé par la coupole du chapiteau.

Dans cet espace où la lumière se fait rare, les mots se perdent et se transforment… et comme tout « monde », celui-ci est fait de menaces mais aussi d’échappatoires. C’est depuis cet univers que chaque personnage sera porté à faire un choix : choix d’inventer ou de se laisser emporter par l’oubli.

Origine du projet

Après des années à créer pour la rue et en milieu protégé, la compagnie avait envie de revenir aux sources, en retrouvant son chapiteau pour une aventure collective à grande échelle. Mener un projet sous chapiteau avec une équipe de quinze personnes, c’est mettre en pratique notre expérience du vivre et du créer ensemble et perpétuer une culture qui nous tient à cœur, celle de l’itinérance.

En tant qu’artistes nous nous sentons la responsabilité politique de prendre part à la construction d’espaces et de temps dans lesquels se rassembler, partager, offrir et recevoir. Le chapiteau est pour nous le moyen de poursuivre ce but, car il implique des implantations longues, nous permettant des échanges avec les acteurs territoriaux et le développement d’actions de médiations, auprès de tous les publics.

Notre souhait est de continuer à sillonner les réseaux de diffusion du cirque contemporain mais aussi d’investir des territoires où le spectacle vivant est moins présent, allumer des projecteurs chez celles et ceux qui nous accueillent. Nous voulons créer des parenthèses de convivialité dont on se prive souvent en des temps où le quotidien laisse peu de place à des respirations poétiques.

Malandro est un huis-clos, au sens d’un environnement immersif. Notre désir de retrouver la création sous chapiteau a été motivé par le sujet que nous avons choisi d’aborder : la vie dans les bas-fonds, la cour des miracles et autres imageries de laissés-pour-compte comme autant de manières d’approcher les mécanismes d’exclusions que l’on côtoie dans notre société.

C’est à partir de ces postulats que nous avons sollicité Nicolas Turon pour lui passer la commande d’un texte. Il a donc écrit sur mesure un texte en prose, intitulé « Malandro », achevé en mars 2019. Son titre fait référence aux esclaves noirs d’Amérique du Sud que les blancs refusaient de toucher. Ce sont donc des êtres obligés par le regard que l’on pose sur eux de développer des techniques « d’évitement » mais aussi d’interaction particulières… Le sous-titre de notre création « ceux qui partent sont ceux qui restent » raconte aussi cela : le fait qu’à toutes les époques les « pirates » ne sont pas abîmés parce qu’ils sont pirates, mais qu’ils sont pirates parce qu’ils sont abimés. Le texte de Nicolas Turon a approfondi cette quête de figures contemporaines de laissés-pour-compte, en insistant notamment sur le besoin qu’a toute communauté de se raconter son histoire.

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