Le Canton des Fôles

Le Canton des fôles est bien plus que le titre d’un spectacle : c’est surtout le nom du premier mouvement indépendantiste issus deux états (français et suisse) réclamant la reconnaissance par les instances internationales d’une géographie putative puisant ses racines dans la littérature orale. Quelques tentatives avaient déjà été engagées sur ce terrain, notamment par Les Amis De La Terre Du Milieu, qui réclamaient une ambassade à Londres pour des émissaires du Rohan ou du Mordor, tout droit sortis de l’univers de Tolkien, ou par les héritiers suédois de Nils Holgersson, qui souhaitaient faire du parcours à dos d’oie sauvage de leur aïeul un outil de construction européenne – mais ces précédents avaient l’écriture livresque comme fondement ; le CDF est bel et bien le premier groupement de conteurs à se réunir régulièrement en secret pour se dire des histoires et à organiser des actions concrètes, parfois à la limite de la légalité, pour faire valoir l’existence dans la réalité d’un territoire imaginaire.

Ils espèrent ainsi obtenir un jour des droits et des avantages pour tous ceux qui entretiennent la tradition orale, le droit de vote pour les personnages de fiction, l’inscription de la fôle au répertoire du patrimoine mondial immatériel recensé par l’Unesco ainsi que la reconnaissance d’un territoire imaginaire comme digne d’une cartographie officielle.

C’est pour cela qu’ils s’engagent dans la lutte, avec les mots comme seule arme, et qu’ils se battront, comme ils aiment à le dire, « jusqu’à ce que le feu dans la cheminée des histoires soit éteint. »