L'Inutile - Bitcherland (2)
Après avoir commis quatre nouvelles policières (parmi les toutes premières) en Bitcherland grâce à Marie et la Médiathèque de Bitche, nous opérons une nouvelle expérience de littérature gonzo, avec un cycle de trois numéros de L’inutile, consacrés chacun à une thématique sportive.
Le second opus s’intéresse à la pratique du cyclisme amateur, et à l’organisation de la course internationale TROFÉO. Je suis accompagné de mon companero Vincent Lansade, celui-là même qui avait mis en page les tous premiers numéros de notre feuille de chou !
L’occasion de faire un point sur notre pratique artistique, et de parvenir à la réflexion suivante :
À QUOI SERT L’INUTILE ?
nous demande-t-on souvent, en nous voyant déambuler avec nos k-way rouges et nos casquettes délavées.
GRÂCE AU NUMERO EN COURS, consacré à la course cycliste Trophéo qui se déroule actuellement en Moselle, et à l’histoire de MARCEL, je crois que nous pouvons expliquer la chose convenablement.
L’INUTILE est un « journal artistique » né en Lorraine (France), à la faveur du confinement. C’est un exercice de style mené par des non-journalistes, comédiens, photographes, dessinateurs, auteurs, graphistes, professionnels ou amateurs, à la manière du journalisme, qui consiste à produire un journal GRATUIT de nouvelles qui n’intéressent a priori personne dans des lieux qui n’en ont a priori pas besoin.
Une forme de littérature gonzo, qui laisserait le journaliste de côté et mettrait celles et ceux qu’il rencontre au centre des attentions. Une feuille de chou, brute et belle, que n’aurait pas reniée POSADA.
En conviant Sowan Oner sur ce numéro, je réalise que nous écrivons comme on fait du skate ou du graffiti : en étant sans cesse en alerte sur les « spots » potentiels de la rue et de notre environnement, qui méritent d’être partagé. L’oeil et le cerveau en quête, sans cesse. De vrais chiens de la casse de la narration.
MARCEL
Nous rencontrons Marie-Christine il y a quelques années, par le biais de nos spectacles de rue. Lors de la distribution d’un précédent numéro, consacré au foot amateur, elle nous rejoint pour faire quelques photos. Nous apprenons alors que son papa, Marcel, est l’ancien facteur de VOLMUNSTER.
Ça tombe bien, le prochain numéro de L’INUTILE sera consacré au vélo, et à une course dont le départ sera donné… à Volmunster, précisément.
Il faut faire de ces premiers accords de la musique du hasard une partition complète. Avec Vincent, plasticien, graffeur, prof d’arts plastiques, nous décidons alors de nous employer pour accoucher des travaux suivants :
Nous rencontrons MARCEL, âgé de 95 ans, grâce à Marie-Chirstine. Cette rencontre interview donnera lieu à un long papier en forme de portrait.
Comme Marie-Chirstine nous a envoyé une photo de son papa dans la force de l’âge et avec sa bicyclette, nous l’imprimons à taille humaine grâce à Jean-Louis et nous la collons sur le passage du peloton, sur un mur, à Volmunster. Ainsi le peloton des futurs champions de course cycliste passe-t-il devant le fantôme du facteur. Vélo d’hier, vélo d’aujourd’hui. Ça fera la photo de Une !
Pour aller plus loin encore, Vincent peint un gigantesque MARCEL sur la route, à la manière des noms de coureurs qui couvrent le bitume sur les routes du Tour de France. Quel régal de voir son prénom au passage du peloton…
À quoi ça sert ? À rien, précisément ! C’est inutile.
Mais nous nous appliquons à être inutiles avec le plus de sérieux possible, et à mettre en avant la narration du quotidien avec force et intensité. Nous nous faisons éponge, nous retenons, et puis nous rendons avec malice en agissant sur le territoire qui nous entoure.
L’INUTILE est un outil open source dont tout le monde peut s’emparer. Il a déjà été publié dans diverses régions de France (Meuse, Moselle, Puy-de-Dôme, Cantal, Alsace…) et de la francophonie (Suisse, Belgique, Québec).