Bâle - ReiseBüro
Avec Boijeot et Renauld, nous répondons à l’invitation de Tobias Brenk de la Kaserne pour créer une agence de voyage d’un nouveau type : le spectateur du festival de Théâtre de la Kaserne peut louer une unité de vie (lit + table + chaises) pour 24h et partager pendant un jour et une nuit notre vie d’errance à travers la ville.
Dans la ville qui offre le plus haut revenu médiant d’Europe, l’action fait un flop ; les interactions sociales sont extrêmement limitées, l’art suisse de la délation se met en oeuvre, les participants ne veulent pas porter leurs meubles. Cela tourne à l’épreuve de force (physique) ; c’est lors de cette traversée éprouvante que je commence à prendre en note de manière très précise mes rencontres (Volty le clochard, le libraire dépressif, le légionnaire qui nous agresse) avec sans doute en germe l’intention d’en faire un récit. C’est aussi en traversant une route de Bâle, lit sur l’épaule, que je prends conscience que je n’ai plus aucune intimité, plus aucun jardin secret : j’habite dans la rue, je dors dans la rue, je n’ai de secret pour personne et je laisse tout le monde lire dans mes carnets. C’est sans doute ici que je prends la décision inconsciente d’arrêter la rue, un jour, pour me retrouver une part intime ; la peur générée par l’agression du légionnaire, avec Laurent en première ligne, doit jouer dans cette décision inconsciente.
