Entre les lignes
Suite au succès de l’action Les Grands Regrets, le fond culturel transfrontalier Belju, l’association Interlignes et La Grosse Entreprise m’invitent à réfléchir à la problématique des mouvements pendulaires frontaliers, et à tenter de valoriser les déplacements en train. Je propose la création d’une ligne à Haute Qualité Artistique.
Ça a trotté dans ma tête pendant un moment ; je me suis dit que parvenir à faire préférer le train à la voiture, c’est faire adopter le collectif par rapport à l’individuel. L’effort partagé. Et s’agissant d’un public frontalier, ce n’est franchement pas gagné. La question du coût, par exemple, n’entre pas vraiment en ligne de compte. Il y a l’angle écologique, aussi, mais qui est toujours contraignant et souvent culpabilisant.
Un vrai sac de nœud.
Une programmation de spectacle vivant et de surprises, par conséquent, est trop inscrit dans le temps et nous ravirai bien plus nous artistes que les passagers, sans attirer aucun voyageur supplémentaire (seuls 7% de la population française vont au théâtre, je ne vois pourquoi on ajouterait la contrainte du théâtre à celle du train !)
>> Dès lors, la stratégie est de faire croire au passager de train qu’il est un privilégié. De le laisser disposer du confort qu’on lui propose sans le contraindre. Et de compter sur une couverture médiatique sans précédent qui le rende fier et qui déclenche le bouche à oreille.
C’est pourquoi, en lien avec les sociétés de chemins de fer, je préconise la création de la première LIGNE À HAUTE QUALITÉ ARTISTIQUE. C’est-à-dire une ligne de train dans laquelle le fait d’être passager peut être augmenté par une valeur artistique.
Je bâti ce supplément d’âme en rebondissant aux activités des passagers dans le train. Que fait-on dans le train ?
ON LIT
- Écriture d’un « roman de gare », façon polar, qui se passe précisément dans ce train et sur cette ligne, et qui résulte d’un travail de maraude sauvage de l’auteur dans ce train et sur les territoires environnant la ligne. Edition de ce livre, qui est offert aux passagers avec la possibilité pour eux de faire un retour critique.
ON ECOUTE DE LA MUSIQUE
- Création d’une chanson par mois sur la ligne et les territoires qui l’entourent (contrainte : dans « les territoires qui l’entourent » on entend « tout ce qui est visible depuis les fenêtres du train », une ferme, un village, un pont, une école), par un artiste musicien différent à chaque fois, qui a voyagé sur la ligne. Ça dure un an, à la fin il y a un album de 12 titres.
ON ECOUTE LA RADIO OU DES PODCASTS
- Création d’un podcast par mois dont la durée est celle, à la seconde prête, du trajet. Il peut s’agir d’une œuvre musicale originale, d’un reportage radio sur les habitants d’une ferme qui vit au rythme du train pour croiser les regards, des cheminots passionnés qui ont retapé la voie ferrée… Les thèmes des podcasts concernent évidemment la ligne et les territoires qui l’entourent, sont conçus sans être redondants. Ils sont publiés en alternance avec les chansons, qu’il y ait une nouveauté par quinzaine.
ON REGARDE SON TELEPHONE
- Création d’une application TRAIN HQA (comme « Haute Qualité Artistique ») et de pages et comptes connexes sur les réseaux, que l’on puisse construire une communauté en faisant valoir un #.
- Tournage d’un court métrage dans le train, dont le scénario a été écrit avec les passagers, en maraude. Signature collective d’une œuvre créée par les passagers, pour les passagers.
ON MANGE
- Présence d’une « bijoutière » (cuisine mobile) dans le train, pour des petits déjeuners ou apéros gastronomiques, qui sont offerts en échange, par exemple, d’un portrait photo ou d’une histoire de train
La production des épisodes de podcast et les maraudes pour le roman policier sont lancées en novembre 2021. Les douze épisodes ont été publiés sur le site https://entreleslignes-leprojet.com/podcasts ainsi que sur les plateformes de RadioFrance grâce au travail de France Bleu Belfort Montbelliard.